Mémoires d'Actuariat

Modélisation du taux cible dans un contexte de forte volatilité des taux
Auteur(s) RIOUX P.
Société Swiss Life France
Année 2025
Confidentiel jusqu'au 08/07/2027

Résumé
La hausse brutale des taux en 2022 a profondément modifié le contexte financier des assureurs vie, habitués à des taux bas depuis plusieurs années. Cette évolution a entraîné une baisse relative du rendement des portefeuilles existants par rapport aux nouveaux produits du marché. La forte duration des obligations détenues a limité la capacité des assureurs à réinvestir rapidement à des taux plus élevés. Cette situation a favorisé la concurrence des produits bancaires, provoquant une décollecte sur les fonds euros. Pour y faire face, les compagnies ont ajusté leur politique de taux servi, en mobilisant leurs réserves via la réalisation de plus-values et la reprise de la provision pour participation aux bénéfices. Conformément aux exigences réglementaires, ces ajustements doivent être intégrés dans les modèles actuariels afin de garantir leur cohérence avec la réalité économique. Actuellement, les taux servis sont déterminés en fonction d’un taux cible, censé représenter le taux optimal pour fidéliser les assurés tout en préservant la rentabilité. Ce taux cible, basé sur une moyenne mobile d’un indice obligataire, ne reflète plus le contexte économique actuel marqué par une forte volatilité. Le paramétrage actuel du modèle devient donc inadapté et peut conduire à des taux inférieurs au minimum réglementaire, limitant la flexibilité de l’entreprise. Cette situation soulève des interrogations sur la pertinence du modèle de taux cible et sur la politique de taux servi. La problématique est donc : comment modéliser efficacement le taux cible dans un environnement caractérisé par des taux élevés et volatils ?

Abstract
The sharp rise in interest rates in 2022 profoundly altered the financial landscape for life insurers, who had become accustomed to a low-rate environment in recent years. This shift resulted in a relative decline in the yield of existing portfolios compared to newly issued products on the market. The long duration of the bonds held limited insurers’ ability to reinvest quickly at higher rates. This situation intensified competition from banking products, leading to outflows from euro-denominated funds. To address this, companies adjusted their credited rate policies by drawing on reserves through the realization of capital gains and the release of the profit-sharing provision. In line with regulatory requirements, these adjustments must be reflected in actuarial models to ensure consistency with economic reality. Currently, credited rates are determined based on a target rate, intended to represent the optimal level for retaining policyholders while preserving profitability. However, this target rate, calculated from a moving average of a bond index, no longer reflects the current economic environment marked by high volatility. Consequently, the model’s current parameters have become inadequate and may result in rates falling below the regulatory minimum, thereby limiting the company’s flexibility. This situation raises questions about the relevance of the target rate model and the credited rate policy. The central issue is therefore: how can the target rate be effectively modeled in an environment characterized by high and volatile interest rates?